Définition de MAGNTIS, E
Prononciation : rou-é
DÉFINITIONS
1
Sémantique : Terme de marine. Plier un cordage plusieurs fois sur lui-même en rond. Rouer à tour, le plier de gauche à droite ; rouer à contre, le plier de droite à gauche.2
Infliger le supplice de la roue.On roua hier tout vif à Rennes un homme qui confessa avoir eu le dessein de le tuer [M. de Chaulnes] ; c'est le dixième qui a eu ce dessein
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 nov. 1675
Comme les magistrats, après avoir fait rouer quelques malfaiteurs, ordonnent que l'on exposera en plusieurs endroits écartés, sur les grands chemins, leurs membres écartelés, pour faire frayeur aux autres scélérats
On fait savoir que l'ordre très exprès de Sa Majesté, notre seigneur très clément, est que cet homme [Patkul], qui est traître à la patrie, soit roué et écartelé pour réparation de ses crimes et pour l'exemple des autres
L'intendant du Dauphiné fit rouer le petit-fils du pasteur Chamier, qui avait dressé l'édit de Nantes
Nature : Absolument.
Les honnêtes gens, en passant par la Grève où l'on roue, ordonnent à leur cocher d'aller vite, et vont se distraire à l'opéra du spectacle affreux qu'ils ont vu sur leur chemin
Il [le bourreau] s'applaudit, il dit dans son coeur : nul ne roue mieux que moi
de J. DE MAISTRE dans Soirées de St-Pétersbourg, 1er entretien
3
Écraser entre les roues ou sous les roues d'une charrette, d'un carrosse.On leur a dit [aux recrues de Bretagne] qu'il ne fallait pas branler ri aller et venir quand ils sont dans leurs rangs : ils se laissaient rouer l'autre jour par le carrosse de Mme de Chaulnes sans vouloir se retirer d'un seul pas
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 mai 1689
Moi donc, qui dois souvent en certain lieu me rendre.... Ne sachant plus tantôt à quel saint me vouer [dans un embarras de voitures], Je me mets au hasard de me faire rouer
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VI
4
Sémantique : Fig. et familièrement. Rouer de coups, battre excessivement.On vous viendra rouer de coups
de Paul SCARRON dans Virg, IV
Et pour le coquin de Silvestre, je le rouerai de coups
Te voyant ces habits, on te rouera de coups
de Thomas CORNEILLE dans Geôlier de soi-même, I, 5
5
Sémantique : Fig. et familièrement. Fatiguer extrêmement. Les cahots de cette voiture m'ont roué. Il est tout roué d'avoir passé une nuit sans dormir.HISTORIQUE
1
XIIIe s.Puis va tant roant par la sale....
dans la Rose, 6167
2
XVe s.Mais tant rouay, Qu'ung tel qui me plaisoit trouvay, Que loyal et bon esprouvay
Et son procès fait, [le bâtard de Bourbon] fut condamné à estre roué et jeté dedans un sac à la riviere
de Enguerrand de MONSTRELET dans II, 253
3
XVIe s.Il alloit çà et là rouant par les isles, et demandant de l'argent aux habitans
de Jacques AMYOT dans Thém. 40
Il le suivoit à la trace, et rouoit à l'entour de luy
de Jacques AMYOT dans Fab. 11
Manger, boire, dormir ; boire, dormir et manger : nous rouons sans cesse en ce cercle
de Michel de MONTAIGNE dans II, 387
D'un horrible regard rouant ses-yeux ardents, Et d'un horrible son faisant cracquer ses dents
de Joachim DU BELLAY dans III, 61, verso.
Joyeux de voir du sommet d'une tour Rome brusler, et rouer tout au tour Des grands palais la flamme qui ondoye
de Joachim DU BELLAY dans V, 5, recto.
Astres qui dans le ciel rouez vostre voyage
de Pierre de RONSARD dans 168
ÉTYMOLOGIE
1
Wallon, rouwé ; prov. rodar, rogar ; espagn. rodar ; ital. rotare ; du lat. rotare, mouvoir circulairement, de rota, roue. Dans le moyen âge, rotare se disait, en latin, pour infliger le supplice de la roue ; et roer, en français, pour tourner, aller à l'entour.